Quotas dans le foot

Publié le par senesports.over-blog.com

Laurent Blanc divise les champions du monde 98

Alors que les enquêtes se poursuivent dans l'affaire des quotas ethniques supposés à la Fédération française de football (FFF), Laurent Blanc est toujours en Italie, où le sélectionneur prend du recul avant de livrer sa version des faits lors de son audition prévue en fin de semaine. Directement mis en cause, notamment pour ses propos soutenant le principe de quotas lancé lors de la réunion du 8 novembre, le sélectionneur a également subi les foudres de son ancien coéquipier Lilian Thuram.

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"Laurent Blanc a dit lui-même : 'Si certains ont cautionné un projet avec des quotas, il faut les punir'", avait déclaré Thuram, qui estimait par ailleurs que les "excuses n'ont pas été à la hauteur de ce qui s'est passé". "Il faut renvoyer les personnes qui ont tenu ces propos", avait expliqué l'ancien défenseur lors d'une interview accordée à Mediapart. Interrogé par Le Monde, Patrick Vieira a lui aussi exprimé son indignation. "Cette histoire est scandaleuse. Je suis choqué : je n'aurais jamais imaginé que des dirigeants du football français puissent avoir de telles conversations. […] Il n'y a même pas de maladresse dans leurs propos : ils savaient très bien de quoi ils parlaient quand ils ont prononcé le mot 'quota'. […] Il cherchaient à cacher leur projet en invoquant [la binationalité]", a déclaré Vieira.

 

BLANC "FRAGILISÉ"

"J'ai eu des anciens de 98 au téléphone. Beaucoup sont scandalisés, d'autres pensent que cette histoire n'aurait pas dû sortir. Chacun fait comme il veut", raconte également Vieira. Et en ce qui concerne son ancien coéquipier Laurent Blanc, le natif de Dakar reste pour le moins perplexe. "Je ne crois pas qu'il soit raciste mais je suis surpris du degré de ses commentaires. Quand je lis qu'il a dit que les Espagnols disent : 'Nous on n’a pas de problèmes, des Blacks on en a pas', c'est scandaleux ! Ce sont des propos graves", martèle Vieira, qui en appelle à des "décisions sévères qui doivent être prises". Le joueur de Manchester City précise qu'il aurait "du mal à comprendre comment ces dirigeants-là, qui étaient présents à la réunion, puissent rester à leur poste".

Le sélectionneur est "évidemment fragilisé par ses propos", a également insisté Lilian Thuram au JT de France 2 mercredi. "Sinon, je connais bien Laurent Blanc et je ne pense pas qu'il soit raciste. […] On en a discuté ensemble au téléphone mais je pense par contre que derrière il y a une idéologie. Est-ce qu'il a été emmené sur un chemin qu'il ne maîtrisait pas ? Quand le DTN peut dire tranquillement dans une réunion qu'il est d'accord avec 30 % de quotas, on est au cœur d'un problème."

 

"DOIT-IL DÉMISSIONNER ?"

Un problème que Christophe Dugarry  ne nie pas, même si le champion du monde 1998 s'est surtout dit "inquiet de voir Laurent Blanc éventuellement s’en aller" en raison de l'affaire des quotas. "Je crois qu’on le met en énorme difficulté en pensant que l’on peut le virer alors que, attention, il peut aussi démissionner, explique Dugarry. Je pense qu’il faut se rendre compte de ce qu’était le football ces quatre dernières années [du temps de Raymond Domenech]. Ce qu'il [Blanc] a réussi à faire. Ce qu’il a réussi à créer, à amener derrière lui, de remobiliser toutes les forces vives du football français." "J’ai peur qu’il s’en aille, qu’il en ait marre de se faire agresser de la sorte. De manière très injuste. J’espère qu’il n’est pas trop tard", a conclu l'ancien attaquant international. Selon le journal L'Equipe, qui s'en réfère à des sources proches de Laurent Blanc, le sélectionneur serait "'écœuré' par les soupçons de racisme qui l'accompagnent et ce sentiment de se retrouver pris au piège des manœuvres obscures entre des courants antagonistes au sein de la FFF".

Autre champion du monde 1998, Bisent Lizarazu a lui demandé à ses anciens coéquipiers de se prononcer clairement sur la question du sélectionneur. "Je pense que chacun, Lilian Thuram, Patrick Viera, doit prendre position : Laurent Blanc doit-il démissionner ? Pour moi c'est non. Laurent Blanc doit rester", a expliqué Lizarazu, sur RTL.  "Ce sera un chaos encore plus grand s'il part, a ajouté Lizarazu. Il a redonné de l'allure à l'équipe de France, avec une équipe métissée, avec Alou Diarra comme capitaine". Revenant sur les propos du "Président" Blanc, Lizarazu a admis une "maladresse", des "propos malheureux", une "mauvaise analyse". "On ne peut pas fermer les yeux là-dessus, mais on ne peut pas non plus fermer les yeux sur le parcours d'un homme, de 25 ans (de carrière dans le football) sans aucune idéologie raciste, un homme (Laurent Blanc) complètement opposé à tout ce qu'on lui reproche", a conclu l'ancien Bordelais.

Le Monde.fr, avec AFP et Reuters

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